Dis pourquoi...
CHARLES, 15 ans
«Je n’ai pas le goût
du travail, est-ce indispensable ? »
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La question de Charles semble trahir
un conflit entre saperception de l’importance de travailler et
ses aspirations d’accomplissement de soi. Tout adolescent normal, non « formaté
» pour étouffer ses états d’âme, a pu
éprouver cela. Charles attend la réponse d’un «
tiers de confiance censé savoir...»
Travailler, à l’âge de Charles, c’est accepter
d’investir dans ses études ou toute tâche que la vie
lui impose, un engagement physique et mental. Cet engagement doit être
compris non seulement comme prometteur de plaisir dans l’accomplissement
mais aussi dans l'investissement résolu d’un choix parmi
tant d’autres possibilités imaginées. En d’autres
termes, il y a toujours quelques renoncements à des aspirations
idéalisées. « Est-ce indispensable ? » demande
Charles, interpellant la « nécessité » du
travail mais aussi manifestant une quête de réassurance
contre l’abandon de ses aspirations les plus intimes.
La réponse, Charles la trouvera davantage dans l’échange
avec autrui que dans l’invocation exemplaire de « modèles
». C’est sans doute ce dialogue avec l’autre qui lui
permettra d’exprimer clairement tout ce qui fait obstacle à
son engagement dans le travail sans minimiser pour autant la peur, fréquente
à cet âge-là, d’entrer dans un cycle enclenché
de compétition relevant plutôt de l’imagination angoissée...
Avec la disparition du faux problème de l’incompatibilité
imaginée entre travail et accomplissement satisfaisant de soi,
le travail pourra au contraire apparaitre à Charles
comme la voie spontanée, bien qu’obligée à
l’utilisation.
René Bérouti, pédopsychiatre et psychanalyste