Dossier :

Voyage paroissial dans
les Marches de l’Est*
et en Allemagne

* « Les Marches de l’est » se composent des régions Alsace, Lorraine, Luxembourg, Ardennes, Pays Wallons, Suisses romande.
Maison de Konrad Adenauer
Bureau de Robert Schuman.
Bureau de Konrad Adenauer.

Du 5 au 9 juin 2013, à l’occasion du cinquantenaire de la réconciliation franco-allemande, un groupe constituéde Chaillotins et de paroissiens de Notre-Dame de la Compassion, paroisse du Père François d’Antin jusqu’à l’an dernier, est parti sous sa conduite, à la rencontre de Robert Schuman et de KonradAdenauer. Deux grandes personnalités qui, avec le général de Gaulle, furent à l’origine de la réconciliation franco-allemande.

La foi de Robert Schuman, ajoutée aux profondes convictions chrétiennes d’Adenauer et du général de Gaulle, fait apparaître la réconciliation franco-allemande comme une oeuvre empreinte d’une forte dimension chrétienne.

Ce voyage a d’abord été consacré à la visite des villes de Reims et Metz dont les histoires sont liées aux conflits franco-allemands. L’une a réuni symboliquement en sa cathédrale les deux nations pour une messe commune à laquelle avait assisté les deux chefs d’Etat Konrad Adenauer et Charles de Gaulle en juillet 1962. L’autre a été étroitement liée à la vie de Robert Schuman, un des pères fondateurs de l’Europe. Ce voyage s’est ensuite poursuivi en Allemagne mosellane et rhénane, région d’origine de Konrad Adenauer. Cette partie allemande du voyage nous a permis de découvrir deux figures d’intellectuels religieux d’exception du Moyen-âge rhénan : un homme, saint Nicolas de Cues, et une femme, sainte Hilldegarde de Bingen. Notre groupe a pu bénéficier pendant ces cinq jours des talents de guide du Père d’Antin ainsi que de sa vaste culture historique et religieuse et de sa très grande disponibilité pour tous et pour chacun. Avec lui, nous avons ainsi approfondi trois thèmes : la réconciliation franco-allemande, la découverte de l’Allemagne rhénane, la rencontre de deux personnages d’exception.

La réconciliation franco-allemande ;

«Nous avons abordé ce thème en approfondissant notre connaissance de deux des trois grands dirigeants cités dans les visites de trois lieux : la cathédrale de Reims et les demeures respectives de Robert Schuman et de Konrad Adenauer. Il faut
rappeler ici que l’initiative de la réconciliation franco-allemande ne suit que de cinq ans l’armistice de 1945. C’est en effet dans sa déclaration du 9 mai 1950 que Robert Schuman propose de constituer, autour de la mise en commun des productions de charbon et d’acier des deux pays, la première organisation concrète de l’union européenne, la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier). « La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et l’Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible » déclare Robert Schuman qui reçoit aussitôt le plein accord et l’appui entier du premier chancelier de la République Fédérale d’Allemagne, Konrad Adenauer. Les deux hommes amorçaient ainsi une démarche qui, reprise et pérennisée par le général de Gaulle, devait aboutir à la signature le 22 janvier 1963 du « Traité de l’Elysée » organisant la coopération franco-allemande.

Tombe de Robert Schuman, Allemagne.


La maison de Robert Schuman qui jouxte la chapelle abritant sa tombe à Scy-Chazelles à proximité de Metz, nous impressionne par son ambiance quasi monacale – son occupant, célibataire par choix religieux, y habitait seul – et sa très grande simplicité. Nous la visitons en compagnie de Charles Danguy, ami d’une des participantes au voyage, et Lucile Chanteclair, qui a voué une partie de sa vie à la préservation en l’état de la maison et qui répond à nos nombreuses questions sur son propriétaire et sa vie. Beaucoup d’entre nous découvrent la profondeur de la foi et des engagements religieux de Robert Schuman dont la canonisation est actuellement instruite. Nous découvrons que cet homme de double culture française
et allemande se sentait surtout lorrain avant que d’être citoyen de l’un ou l’autre pays. Ainsi la foi de Robert Schuman, ajoutée aux profondes convictions chrétiennes d’Adenauer et du général de Gaulle, fait apparaître la réconciliation franco-allemande comme une oeuvre empreinte d’une forte dimension chrétienne.

Plus cossue, la maison de Konrad Adenauer à Bad Honnef, à proximité de Bonn, rappelle néanmoins la maison de Scy-
Chazelles de Schuman et la Boisserie du général de Gaulle à Colombey-les-deux-Eglises. On y retrouve le calme du lieu, les larges vues sur la campagne et la priorité donnée dans l’agencement des pièces à celles consacrées au travail de lecture, de réflexion et d’écriture du propriétaire.

Place du marché, Trèves

 

La découverte de l’Allemagne rhénanes ;

Vitrail de Chagall, cathédrale de Metz.

Nous pénétrons en Allemagne par la vallée de la Moselle jusqu’à Trèves, puis nous rejoignons la vallée du Rhin que nous longerons en grande partie jusqu’à Bonn. Au cours des presque trois jours que durera notre séjour allemand, nous serons frappés par la très grande beauté des paysages qui procurent un fort sentiment de paix et de gaieté. Ces vallées couvertes de vignes bordées par de nombreuses petites villes et le centre-ville historique de Trèves sont d’une très grande beauté et méritent sans nul doute d’être mieux connues en France. Nous sommes ici dans une région à l’histoire très ancienne, située autrefois aux confins de l’empire romain et lieu de contact entre les Romains et les Francs dans les premiers siècles de l’ère chrétienne. Les traces de la « romanité » sont en effet omniprésentes de Reims et Metz jusqu’à Trèves et Bonn. Nous la découvrirons à travers les vestiges romains qui s’offriront à notre vue, telle la monumentale « Porta Nigra » de Trèves, mais aussi grâce aux visites des musées de Reims, Metz, Trèves et de Bonn. Il faut souligner à cet égard que Trèves, plus ancienne ville d’Allemagne, fut au début du IVe siècle résidence impériale comme le montrent son cirque, que nous apercevrons de loin et surtout sa basilique de Constantin que nous visiterons.

Portail roman, cathédrale de Trèves

Nous avons été frappés également par la beauté des édifices religieux, deuxième trait caractéristique de cette région. Les cathédrales gothiques de Reims et de Metz sont naturellement très célèbres, mais celle de Trèves construite sur l’emplacement d’un palais romain et au très beau portail roman, nous a beaucoup impressionnés. Nous avons découvert
également avec joie l’église gothique d’Oberwesel.

Enfin, troisième caractéristique de la région, le charme pittoresque des villes historiques, aux maisons souvent jaunes et ocres et dont beaucoup datent de la fin du Moyenâge. La place du Marché de Trèves et les façades des maisons qui la bordent retiendront ainsi particulièrement notre attention. Sous un grand soleil, les beaux panoramas sur le Rhin avec vue sur de nombreux châteaux-forts qui le surplombent s’offrent à nos regards et contribuent encore

Chateau médiéval Rheinfelds

davantage à nous faire apprécier cette partie de l’Allemagne rhénane dont on peine à croire, qu’elle a été le lieu de tant de guerres, tant elle paraît paisible.

Saint Nicolas de Cues et sainte Hildegarde de Bingen, deux personnages d’exception ;
La visite de l'hospice de Saint-Nicolas fonde au XVe siecle à Kues pour héberger les vieillards nécessiteux et qui fonctionne
encore aujourd'hui, nous a fait connaitre son fondateur : Nicolas de Cues ou Cusain. Homme d'eglise (il sera cardinal), il était doté d'un esprit éclectique. Ses travaux sont allés de l'étude de l'histoire de l'église au Coran et de l'astronomie aux théories mathématiques en passant par une réeflexion approfondie sur les rapports entre les hommes et Dieu. Le caractère novateur de sa pensée religieuse a conduit certains à le presenter comme un précurseur de Vatican II. De même, le nom d'Hildegarde de Bingen est étroitement associé a l'Allemagne rhenane. Elle fut au XIIe siècle à la fois abbesse, prédicatrice, médecin et musicienne. Elle entretint une correspondance avec de très nombreuses autorités tant spirituelles que temporelles
de son temps.

Ce voyage très riche fut cloturé, symbole de l'entente franco-allemande, par une messe dans la cathédrale de Bonn, ou la communauté catholique locale et son curé nous ont très chaleureusement accueillis, conviant le Pere d'Antin à concélébrer la messe et nous demandant de faire (en francais ) une des lectures.

Gilles Furet