Question de jeune:

Dis pourquoi…

Grégory, 16 ans

« Je n’ai pas confiance en moi,
comment m’en sortir ? »

Levons d’abord quelques malentendus. S’agit-il d’un doute de Grégory sur ses capacités, sur la portée de ses initiatives ? Ou d’une « inhibition », Grégory n’osant pas entreprendre ? Son absence de confiance en lui, son manque d’assurance peuvent concerner aussi bien ses études que sa vie privée et nous ne perdrons pas de vue qu’à son âge, Grégory fait face à son désir de s’affirmer et peut vivre toute épreuve de réalité comme un affrontement – dire non, surtout à ses parents, pourrait l’accabler – et éprouver, dans l’environnement sollicitant de l’adolescence, la difficulté d’établir des liens de camaraderie, d’amitié.
S’il ne s’agit donc pas d’un constat d’impuissance effective mais d’une inhibition, nous ne sous-estimerons pas la part d’« obtusion adolescente », la difficulté de Grégory à faire la part des choses dans ce qu’il ressent en lui, à dissiper le vague entourant ses projets, à savoir ce qu’il veut et/ou ce qu’il redoute, la nature véritable de son désir. Ses parents auront également à se poser – malgré une répugnance instinctive à cela – la question du rapport de cette difficulté avec une absence de confiance en lui de leur part.
Ce manque de confiance en lui pouvant s’accompagner d’un sentiment d’échec, de tristesse, de l’impression d’être « au fond d’un trou » masquant des phobies, il importera d’évaluer le niveau de « déprime »…
Répondre à la question de Grégory, suppose donc un accompagnement éclairé, et à la demande de sa démarche d’autonomie, de lui renvoyer une image rassurante de sa vie d’échange avec les autres, de le conforter dans sa « confiance » en son potentiel de liens et ses réelles ressources. Sa capacité narrative à raconter ce qu’il fait peut être ainsi exploitée mais nous n’oublierons pas, à côté des vertus de la parole, celle des échanges et jeux interactifs et des réseaux sociaux.

René Bérouti, pédopsychiatre et psychanalyste