Eglise Saint-Pierre de Chaillot, Paris

Votre premier roman s’intitule Tout est Fraternel en Toi, comment entendez- vous ce terme de fraternité ?
Christelle Abraham Valette :
Mon nom fut à l’origine d’un questionnement qui me poussa très tôt à lire la Bible. Abraham et Sarah, leur descendance comme autant d’étoiles dans le ciel, ont marqué mon enfance. J’ai choisi d’étudier en hypokhâgne au lycée Henri IV après un baccalauréat scientifique. Aujourd’hui, agrégée, j’enseigne dans un lycée public de la seconde aux classes préparatoires. Le terme de fraternité est riche de connotations républicaines et religieuses.

Votre roman traite de la relation privilégiée de Sarah avec un jeune homme sans père, Olivier. Pourquoi choisir un frère adoptif ?
Pour moi, le nom « Olivier » évoque l’arbre qui sert à faire l’huile sainte, celle que j’ai reçu à 25 ans sur le front lors de ma confirmation à l’église Notre-Dame lors d’une messe d’André Vingt-Trois. Le Christ est un frère d’adoption. On ne connaît pas « le père » au départ. La famille unie ou décomposée est le cadre de cette histoire. Le lien fraternel interroge la piété familiale et l’éducation des jeunes gens. Sarah déploie avec sa féminité une compassion qui permet de dépasser l’altérité du prochain pour en saisir le mystère. J’ai été surprise de voir le Christ choisir ses apôtres au fil de ses pérégrinations : Montaigne dirait « parce que c’était lui, parce que c’était moi ». Pourtant, cela n’évacue pas la rivalité pour la préférence entre Pierre et Jean… Etant au contact de beaucoup de jeunes, mon roman illustre ce message que tester le mal ne permet pas de parvenir au bien. Je n’évacue pas les thèmes de la sexualité, de la drogue, des jeunes en déshérence, des adultes démissionnaires, Au milieu du chaos de la violence ordinaire, l’amour a sa place. La dernière phrase de mon roman est la première de la Genèse, ce qui ne dévoile pas si Sarah et Olivier deviendront de vrais frère et soeur !

Pensez-vous que votre roman s’adresse exclusivement à un lectorat chrétien ? Etait-ce votre destinataire quand vous écriviez ?

Un lecteur ouvert à la spiritualité verra-t-il mieux dans mon livre la pureté de l’attachement de Sarah à Olivier ? Dans notre société, il y a nombre de romans sur la passion et ses illusions. Je souhaiterais mettre en mots un sentiment non-passionnel. Aujourd’hui, notre société a besoin d’amour : tant de gens sont seuls, des personnes âgées dont les enfants travaillent loin, des jeunes que leurs parents ne souhaitent plus accueillir sous leur toit… Je suis sensible à ces destinataires, chrétiens ou non…

* Christelle Abraham Valette, Tout est Fraternel en Toi, en Toi, L’Harmattan, en commande en librairie ou sur Amazon ou sur le site de l’éditeur.