Le billet spi du Père Lacoste :

Liturgie et expérience de Dieu :
« Voici l’Agneau… »

A qui veut prendre connaissance de Dieu, les moyens ne manquent pas. Dieu est l’au-delà de tout, nous dit Grégoire de Nazianze, mais il est aussi partout.

Il est d’abord en moi, par l’Esprit reçu à mon baptême ; les théologiens parlent de l’« inhabitation » des personnes divines en nous. Il est également face à nous, en tout homme que nous rencontrons et qui fut créé à son image. Il est aussi face à nous lorsque nous lisons les Ecritures et nous laissons émouvoir par elles. Et nous pourrions allonger notre liste d’exemples. N’en retenons qu’un de plus, celui de ce que nous pourrions nommer la « connaissance liturgique » de Dieu.

Qu’est-ce à dire ? D’abord, peut-être, que dans la liturgie à laquelle nous participons le plus souvent, celle de la messe, Dieu ne nous est pas toujours sensible au coeur. Nous pouvons être distraits (je suis le premier à l’être, et très souvent). Nous pouvons être agacés (par un chant, par une homélie, par les pleurs d’un bébé). Et comble de malheur, nous pouvons recevoir le corps du Christ et ne plus y penser quelques instants après. Il ne faut pourtant pas se désoler trop tôt. Liturgie, en effet, pour qui et par qui ? Pour et par des chrétiens, dira-t-on. Et on précisera alors, pour notre soulagement, que celui qui va à la messe n’y va pas vraiment pour prendre connaissance de Dieu : parce que s’il y va, c’est précisément pour la bonne raison que Dieu lui est déjà connu. Liturgie (chrétienne) comme acte de foi, ou pas de liturgie du tout. Celui qui croit connaît Dieu. Et lorsqu’il reçoit le corps du Christ, il le rappelle à haute voix en disant Amen. Celui qui habite en moi depuis mon baptême « surhabite » en moi en toute communion. Je n’en suis peut-être pas conscient. Mais est-ce que ce dont je suis conscient a une grande importance ici ?