D’un Saint-Pierre à l’autre
Saint-Pierre du Gros Caillou
De l’autre côté de la Seine, une chapelle est érigée
en 1738, dédiée à « Notre Dame de Bonne
Délivrance », « et de saint Christophe » en
1776 et dotée d’une paroisse. La Révolution efface église
et paroisse. Le curé de Sainte-Valère et du Gros-Caillou
fait construire l’église actuelle, consacrée en 1830. Enfin,
treize ans plus tard, la paroisse est officiellement restaurée
sous le nom de Saint-Pierre du Gros Caillou. L’église ne
cesse de connaître des transformations jusqu’à nos jours
au gré du développement du quartier. Mais l’intérêt de
notre vis-à-vis consiste en deux dates et une plaque : celle
commémorant Jean Sylvain Bailly, né à Paris le 15 janvier
1736, membre de l’Académie française et de l’Académie
des Sciences, astronome qui découvre les satellites de Jupiter.
Comme Président de l’Assemblée Nationale Constituante,
il reçoit le Serment du Jeu de Paume le 20 juin
1789. Premier maire élu de Paris, il est à l’origine des trois
couleurs nationales et ordonne la Fête de la Fédération
le 14 juillet 1790. Il est guillotiné le 23 novembre 1793 au
Champ de Mars et inhumé sous l’église.
En l’An VI (1797-1798) l’église est vendue par les révolutionnaires
pour servir de carrière. En 1906, le 2 février, elle est
assiégée par les forces de l’ordre qui tentent d’ouvrir un passage
à l’agent de l’enregistrement chargé de faire l’inventaire
du mobilier, conformément à la loi de Séparation des
Églises et de l’État votée en décembre 1905. Contrairement
à Sainte-Clotilde, l’autre paroisse parisienne en rébellion,
le curé, l’abbé Richard, et ses vicaires se sont retranchés
avec les fidèles à l’intérieur de Saint-Pierre. Violent accrochage
sur le parvis noir de monde, suivi d’une bataille rangée
sur une barricade de chaises, prie-Dieu, confessionnaux
amassés pour obstruer l’accès à l’autel. Horions et coups
de cannes et de projectiles les plus divers sont échangés
jusqu’à la victoire des lances à incendies. Au soir de la bagarre
le chamboulement de l’église est total, et, grâce aux
reportages de la presse, l’événement est national.
Sabine Garnier