Dossier :

Découverte d’un artiste-peintre graveur :

Yolaine de Schonen

Les Nouvelles de Chaillot vous proposent d’aller à la rencontre de Yolaine de Shonen. L’artiste peintre graveur, croyante, Chevalier des arts et des lettres habite à l’ombre du clocher de Chaillot.

Par la magie des images enchâssées sous les voûtes de la cathédrale de Chartres, on entend aujourd’hui encore, bruire le travail des artisans du Moyen Âge. Tous sont là ou presque : les boulangers, les cuisiniers, les porteurs d’eau, les poissonniers, les pelletiers, les chasseurs, les maçons, les tailleurs de pierre, les fauconniers, les jouteurs, les vendangeurs, les joueurs de dés… Tous vaquent à leurs activités tandis que, au-dessus d’eux, l’histoire sainte déroule son long poème biblique et que le sacré et le profane partagent dans un lieu de communion le même souci de faire monter une louange unanime vers le ciel. La Bonne Nouvelle est pétrie de cette pâte humaine dans laquelle une grâce divine surabondante vient s’incarner pour que tout dans la création, le pur et l’impur, chante la gloire de Dieu.
Et voilà que le travail méticuleux de Yolaine de Schonen redonne à ces images, vieilles de huit siècles, une actualité sensible et modulable, qui prend la forme d’une présence nouvelle jusque dans nos foyers. Merci à Yolaine pour ces nouvelles touches vibrantes ajoutées au concert de lumières et de couleurs chartraines incessantes…

Jean-Paul Deremble

“Une couleur sur la toile en appelle une autre et de leur dialogue naît une troisième couleur, que l’on ne voit pas, qui nous attire sur les hauteurs dorées de l’harmonie et que nous appelons Beauté. » André Frossard

La palette de l’artiste

Non, la palette de Yolaine ne se limite pas à cette couleur chaude et vivante qu’elle affectionne, le rouge – les rouges devrait-on dire –, de même ne se limite-t-elle pas non plus à un thème ou une technique.

Autour de Bangkok en Thaïlande, dans les villages malgré la chaleur et les moustiques, Yolaine aimait s’arrêter, seule, le pinceau à la main, pour contempler le « merveilleux peuple thaï » ; mais bientôt elle n’était plus seule, tous les villageois se rassemblaient autour d’elle pour la regarder peindre. À l’époque le tourisme n’était pas si répandu. Cette observation réciproque était emplie d’une admiration qui se concrétisait souvent par une offrande à l’artiste de fruits et de poisson séché puissamment odoriférant. Ce sont des paysages locaux, des scènes de la vie quotidienne qu’elle peignait pour illustrer les livres scolaires d’apprentissage de la lecture en swahili : l’Afrique de la palabre, la splendeur des couchers de soleil, la beauté du geste, la grâce des femmes lavant le linge à la rivière, l’élégance des silhouettes…

Observation intérieure
Toutes ces expériences nourrissent l’oeuvre de Yolaine qui régulièrement expose ses toiles dans différents pays. « Une exposition est le résultat d’une observation intérieure de la vie et du paysage où l’on se trouve. Comme l’écrit si bien André Frossard : « Une couleur sur la toile en appelle une autre et de leur dialogue naît une troisième couleur, que l’on ne voit pas, qui nous attire sur les hauteurs dorées de l’harmonie et que nous appelons Beauté. »

En d’autres pays d’Afrique, Yolaine en visitant les écoles de missionnaires à travers la brousse, répondait volontiers aux nombreuses questions sur l’art et son enseignement ; ces contacts humains sont aussi importants que la transmission d’un savoir. Par la beauté de l’art, elle a voulu également transmettre aux grands handicapés une joie intérieure en les aidant à s’exprimer par le dessin sur une feuille de papier : le succès est dans l’éclosion d’un sourire. De même, au coeur de l’association Bienvenue en France, elle crée l’atelier de dessin pour les épouses de diplomates en poste à Paris, ce qui lui permet, par un subtil dialogue des cultures, de rester en contact avec le monde entier.

Sabine Garnier

La création artistique

« Une idée naît, qui peu à peu se précise et se construit avec la matière (huile, gouache, pastel, crayon, encre de Chine, lavis…).
C’est une relation active, car la matière oppose une résistance. Dans un travail de maturation, l’artiste unit la conception originelle et la résistance de la matière jusqu’à l’aboutissement de l’oeuvre finale sur la toile où éclate le jeu des couleurs. »

 

Les gravures inspirées de Chartres

« À cause du Centre International du Vitrail et de l’Association Chartres, sanctuaire du monde j’ai appris à aimer la « Dame en pierre » qu’est la cathédrale de Chartres. En regardant les vitraux j’ai été prise de passion pour ce patrimoine religieux et j’ai rêvé de participer à sa sauvegarde…

Le vitrail est une des principales formes de la peinture. Les peintres verriers sont anonymes, bien que l’on connaisse le nom de quelques maîtres ; le XXe siècle attire de grands artistes : Maurice Denis, Rouault, Bazaine, Léger, Matisse, Braque, Chagall, le Père Kim en Joong, Soulages… L’histoire du vitrail est aussi une histoire du progrès et des techniques liées à la fabrication du verre, soufflage, etc., qui évoluent sans cesse et qui permettent la diffusion à l’intérieur du bâtiment d’une lumière intense. Les fenêtres vitrées sont comme des écritures divines qui versent la clarté du vrai soleil dans le coeur des fidèles tout en les illuminant. Et c’est l’intérêt que j’ai trouvé en observant que tous les métiers des corporations se glissent dans l’espace sacré lumineux de l’église, y transfigurant ainsi le travail par la couleur.
La passion des matières m’a conduit à choisir la gravure pour interpréter les vitraux. J’ai réalisé une technique spéciale pour tirer des gravures monochromes ou polychromes sur une matrice en carton sur laquelle le relief est rendu par la pose de colle à bois, cela donne un effet de relief sur la feuille de papier. Cette matrice en relief a permis une reproduction sur verre réalisée par les artistes verriers de Chartres des Ateliers Loir, sur terre cuite par les Ateliers Petit, et aussi en thermoformage par Jean-Marie Bragui des Ateliers du Centre International du Vitrail. Il ne s’agissait pas de copier le vitrail, mais de transposer le modèle avec toute la richesse de l’Art contemporain. Chaque métier m’a aussi inspiré une peinture qui illustre de manière non figurative les pensées, les sensations, les émotions nées de l’observation du vitrail original. Pourquoi interpréter les « métiers « représentés sur les vitraux ? Parce qu’ils sont l’image du peuple du Moyen Âge, dont la sensibilité me touche ; en effet, c’est la prière du peuple qui s’exprime à travers ses gestes quotidiens dans une relation d’amour à Dieu. » 

Yolaine de Schonen

Une vie pleine de couleurs

Depuis l’enfance, Yolaine de Schonen a toujours dessiné ; elle réalisait tous les décors de classe, « ce qui distrayait des versions latines que je n’aimais pas ».

Un grand-père aquarelliste lui a peut-être transmis ce don, en tous cas ses parents étaient heureux de voir un de leurs nombreux enfants doté d’une vocation certaine. Très dynamique, Yolaine, après le bac, s’investit dans divers mouvements (elle est notamment présidente des jeunes de la JEC) tout en étudiant les Lettres Modernes et en préparant les Arts Déco qu’elle intègre avec bonheur et dont elle sort médaillée.
Dessin, pastel, panoramiques, paravents, projets, décoration, remplissent sa vie professionnelle – directrice de publicité dans une grande entreprise, expositions de peintures en France et à l’étranger. Ayant épousé un diplomate, Yolaine commence à parcourir le monde : l’Extrême-Orient, Bruxelles, plusieurs pays d’Afrique, Rome et les archipels du Pacifique.

En lien avec Chaillot
De retour à Paris, Yolaine élargit ses recherches en étudiant la gravure, sans rien retrancher de ses activités précédentes. La paroisse de Chaillot également bénéficie de l’esprit créatif et du talent de Yolaine : tantôt dans la création de notre crèche, la décoration de la crypte lors des journées paroissiales, tantôt par de grands panneaux extérieurs qui invitent les passants à venir prier, tantôt dans l’illustration des livrets de pèlerinage avec les dessins croqués sur place. Tout cela est la joie d’une grande amitié tissée avec la communauté de Chaillot. 

Sabine Garnier

Exposition du 28 mars au 7 avril 2011
Ouverture : du lundi au vendredi de 12 h à 18 h,
jeudi de 12 h à 19 h et samedi de 9 h à 12 h.
Salle des Expositions, Mairie du 8e,
3 rue de Lisbonne, 75008 Paris.
Entrée libre. 
Tout cela est la joie d’une grande amitié
tissée avec la communauté
de Chaillot.