Mgr
dOrnellas :
un dialogue en vérité pour le
bien de notre société
Responsable du
groupe de travail des évêques français sur la
bioéthique, Mgr Pierre dOrnellas, archevêque de
Rennes, a présenté le livre Bioéthique, propos
pour un dialogue (voir encadré) : « Ce livre a été
conçu comme un chemin de dialogue. Nous le confions à
tous ceux et toutes celles qui sont sensibles au bonheur de lHomme
quand il est touché par les sciences biomédicales.»
Louvrage met en relation la parole de lEglise, les rapports
parlementaires et ce que disent les scientifiques. « Le dialogue
ne consiste pas à arriver à un consensus. Il consiste
à travailler de telle manière que les intelligences,
en se confrontant les unes avec les autres, puissent élaborer
des chemins qui soient toujours des chemins de progrès »
a souligné Mgr dOrnellas. « Les enjeux sont tels
pour la société que nous voulons construire, a-t-il
poursuivi, que seul un dialogue respectueux de chacun [...], qui tienne
compte de ce qui est au plus profond du coeur de chacun, peut aboutir
à une voie française de la bioéthique. »
Mgr
Defois :
une
responsabilité éthique collective
« Quel homme
voulons-nous demain ? Quelle société construisons-nous
pour demain ? Quelle place allons-nous accorder aux vulnérabilités
dans une société de la performance avant tout ? »
En dialoguant avec les scientifiques, Mgr Gérard Defois, membre
du groupe de travail sur la bioéthique, a pleinement pris conscience
que lEglise nétait pas la seule à porter
ces interrogations. Il a souligné dans son intervention les
multiples rôles de la loi : protecteur (« pour placer
les frontières »), dynamique (« ce vers quoi nous
allons »),économique (« recherche de léquilibre
entre les intérêts des uns et des autres », culturel
(« définir des repères dhumanité
») et social (« place du vulnérable ») mais
aussi moral et spirituel (« imposer le bien commun est une lutte
permanente »).
« La vie est un don, non pas une possession, a-t-il insisté.
Elle nest pas simplement quelque chose qui est managé
par le pouvoir médical. » La pluralité des experts
consultés lui a fait prendre conscience que lEtat na
pas le monopole de la responsabilité éthique mais quil
y a « une responsabilité éthique collective ».
Pour lui, le débat à venir « est un moment de
vérification de ce pour quoi nous vivons ensemble, de nos responsabilités
nationales et internationales, pour que la vie de demain ne soit pas
simplement la gestion des forces en présence mais soit aussi
une volonté commune, éthique et spirituelle, partagée
par lensemble du pays. »
«
La vie est un don,
non pas une possession »
Mgr Defois
|
Xavier
Lacroix :
unité
et vulnérabilité, deux points de vigilance de lEglise
Membre du Conseil National dEthique, Xavier Lacroix a mis en
avant deux points de vigilance de lEglise : lunité
de lêtre humain (corps et esprit) et le principe de vulnérabilité
(LEglise veut être « lavoix des sans voix »
Jean Paul II). Il en a dégagé deux enjeux : la cohérence
de la filiation et le respect dû à lembryon.
Xavier Lacroix a rappelé que la naissance implique des liens
où le corporel, le social et laffectif entrent en jeu.
« Lenfant a besoin de grandir sur le roc dune double
filiation : paternelle et maternelle » a-t-il ajouté.
« Lintervention du législateur et de la société
médicale doivent demeurer au service de la cohérence
de ces liens. » « Une chose est de faire face aux situations
telles quelles se présentent, en offrant à ladoption
un enfant sans parents, une autre serait de prévoir délibérément
la naissance dun enfant privé de père ou porté
par une femme autre que celle qui sera sa mère ou ne rencontrant
pas la différence sexuelle dans le couple adoptif ou éducateur
» a-t-il distingué.
Abordant le statut de lembryon, lexpert a pris lexemple
de la fécondation in vitro qui va de pair avec une production
dembryons surnuméraires - plus de 170 000 embryons congelés
en France aujourdhui. Cette pratique est à lorigine
de problèmes pratiques et éthiques. A lexemple
de lAllemagne et lItalie, « ne serait-il pas temps
de remettre en cause la production systématique dembryons
surnuméraires ? » a-t-il demandé.
« Le commencement de la vie nest pas le seul moment de
vulnérabilité. Mais cest un moment particulièrement
significatif qui révèle des options fondamentales sur
lhumain, sur lhumanité de lhumain