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Bayard Presse déménage


Le groupe de presse Bayard, implanté dans notre quartier depuis près de 150 ans, déménage dès ce mois de juillet à Montrouge. L’occasion pour nous de retracer avec le Père André Antoni, assomptionniste et directeur général de Bayard Presse, l’histoire passionnante de la dernière maison de presse catholique indépendante en France.

L’histoire de la “bonne presse” comme on l’appellera à l’époque, débute en 1860, sous l’impulsion du père Vincent-de-Paul Bailly, assomptionniste. Un premier achat de bâtiment se concrétise au 8 rue François Ier. On assiste à cette période à l’explosion des pèlerinages organisés notamment par les assomptionnistes : en Terre sainte par bateau, puis, avec le développement des chemins de fer, vers Lourdes, La Salette, etc.

D’une feuille de chou à un groupe de presse international
Quelques modestes feuillets sont imprimés à l’origine pour guider les fidèles, parfois près de 1 000, dans leurs voyages et leurs prières. C’est la naissance du journal Le Pèlerin. La Communauté des
assomptionnistes est installée au 8 rue François 1er et ne cessera depuis lors d’accompagner le développement et l’orientation chrétienne et catholique de l’entreprise à travers les aléas de l’histoire.
Le quotidien La Croix naît, lui, en 1883. L’achat de nouveaux locaux ponctue ces périodes. “Bayard” acquiert un hôtel particulier cours Albert Ier ou résideront les religieuses oblates de l’Assomption, puis au 3 rue Bayard, l’atelier du peintre Gustave Doré, suivi du 5 en 1889. En 1992, environ 235 ouvriers et ouvrières travaillent à l’imprimerie. Au XXe siècle, de nouveaux titres de journaux fleuriront, avec dans les années 1960-1970, le développement d’une presse de qualité conçue pour les
jeunes. Naîtront ainsi, en couvrant tous les âges : Popi, Pomme d’Api, Astrapi, Phosphore, etc. jusqu’à Notre Temps pour le troisième âge. Viendra aussi l’édition de livres et un développement international
de certains titres.

Atteindre les masses
« Notre vocation d’origine ? Rechristianiser la société, précise le père Antoni. Au moment où on affirme les droits de l’homme, ne jamais oublier les droits de Dieu. “Que ton Règne vienne !” telle est
notre devise. Nous sommes à l’origine un ordre religieux enseignant, mais très vite notre fondateur le père Emmanuel d’Alzon laisse libre cours à d’autres initiatives qui cherchent à atteindre les masses.
» L’enseignement visait à former des élites en nourrissant la tête et les pèlerinages tentaient d’atteindre les coeurs. Au XIXe siècle, presse et pèlerinages, grâce au développement des chemins de fer, s’avéraient des outils très modernes. Notre mission réside dans la communication.
Notre presse continue d’en être la traduction. Ainsi, le quotidien La Croix et l’hebdomadaire Pèlerin, plus populaire,
tentent de permettre une compréhension intelligente des évènements et aident les lecteurs à donner un sens à leur vie, à travers le plaisir de la lecture. C’est vrai pour l’ensemble de nos titres. Nous sommes
des compagnons positifs de nos publics. Nous créons du lien et des ponts entre les générations. Nous favorisons le vivre ensemble. »

Raisons financières obligent
Alors, pourquoi ce déménagement ? Pour des raisons financières évidentes. Les locaux libérés rue Bayard (les assomptionnistes en resteront propriétaires) permettra d’accéder à Montrouge à des espaces plus clairs, plus adaptés aux besoins actuels de l’entreprise. Les assomptionnistes
réfléchissent déjà à de nouveaux projets pour la communauté, rue François Ier. « Si Bayard-Presse déménage, c’est pour mieux répondre à notre mission, résume le père Antoni. Nous voulons, à travers
nos publications, continuer à nous adresser au plus grand nombre pour assurer une présence spirituelle dans une société ouverte aux différences. Une manière pour l’Eglise d’être visible auprès de nos contemporains. »

Odile Douroux