Le billet spi du Père Lacoste :

Gloria in excelsis
Les anges

Nous parlons trop peu des anges. Nous avons presque raison, toutefois : leur principale qualité est la discrétion. Ils sont messagers et il faut s’intéresser au message plus qu’à celui qui l’apporte. Ils nous « gardent », mais nos anges gardiens sont anonymes, et nous avons rarement l’idée de recourir à leurs services. Bref, les anges appartiennent à l’« univers invisible », nous appartenons d’abord au royaume du visible, et nous laissons les anges n’exister que sur des icônes ou dans quelques textes bibliques, ce qui est bien dommage. Sur les occupations des anges, nous en savons peu.

A Noël, cependant, ils nous révèlent peut-être leur principal travail. Ils ne « font » rien pendant la nuit de la nativité. Ils ne se déplacent pas pour vénérer le Messie ou Sauveur, ils n’ont pas de cadeau à apporter (les bergers non plus, d’ailleurs), ils se contentent de prévenir, d’une part, et d’autre part de rendre gloire. Celui qui lit attentivement le texte de Luc (2, 8-14) observera qu’il suffit d’un seul ange pour transmettre aux bergers une bonne nouvelle et la source d’une grande joie, la naissance d’un sauveur. Cet ange, derechef, est discret et ne dit pas son nom. Il ne reste pourtant pas solitaire ; et les bergers une fois prévenus, c’est toute une armée (d’autres anges) qui chante avec lui la gloire de Dieu. Cette armée, nous la rencontrons pendant la messe sous son nom hébraïque, sabaoth. Dans le texte (latin) du sanctus, la liturgie a pieusement conservé ce vieux mot : Dieu est Seigneur des armées angéliques. Nous sommes rarement des armées, nous-mêmes à glorifier Dieu. Mais lorsque monte notre petite louange, n’oublions pas que les armées angéliques louent avec nous. Le langage nous sert à beaucoup de choses, y compris à dire « gloire à Dieu ». Les anges nous apprennent qu’il devrait d’abord servir à cela.