Dossier :

L’Entraide, quel avenir ?

L’Entraide est une des structures de la paroisse de Saint-Pierre de Chaillot, dont la vocation spécifique est de venir en aide aux personnes, françaises ou étrangères, sans ressources. Depuis de nombreuses années, l’Entraide de l’avenue Marceau ouvre ses portes pour nourrir et vêtir les personnes qui lui sont envoyées par la mairie du XVIe, l’Ordre de Malte, la CAFDA (Centre d’accueil des étrangers dépendant du Ministère de l’Intérieur) et certains de nos voisins ? Mais le quartier évolue : des bureaux s’installent, des commerces disparaissent, les prix de l’immobilier font fuir les jeunes. Faut-il nous « ouvrir » à ceux qui rencontrent des problèmes d’emploi, de charges et de famille (divorce, monoparentalité) ? Nous devons affronter le vieillissement de la collectivité paroissiale et la difficulté d’engagement des bénévoles. Autant de questions que nous soumettons à votre réflexion. Une décision sur l’avenir de notre Entraide devra être prise en 2014.

Jacques Viévard, Président de l’Entraide

La vie à l’Entraide, pour plus de chaleur humaine

Être bénévole, c’est répondre à un appel. Un appel auquel j’ai répondu, il y a quelques années déjà, pour aider à l’Entraide où l’on a besoin de trouver de la relève et des bénévoles qui s’investissent. J’ai été sensible à l’annonce « Paroisses en mission » de Mgr Vingt-Trois, notamment « Éthique et solidarité » qui nous invite à mettre en oeuvre l’invitation du Christ à nous faire les prochains de nos frères, pour entrer dans une relation d’attention, d’aide, de soutien aux plus démunis qui nous entourent.
À l’Entraide, on s’occupe d’accueillir des personnes en grande difficulté, envoyées par les services sociaux ou la mairie du XVIe, le mercredi pour les femmes et le jeudi pour les hommes. Nous les recevons au bureau d’accueil, nous les accueillons dans la salle à manger où tous se retrouvent régulièrement une fois par semaine, au chaud, autour d’un petit déjeuner préparé sur place, avec thé, café ou chocolat, servi généreusement par des bénévoles qui prennent des nouvelles des habitués, à l’écoute de leurs soucis et de leurs joies. Là s’engagent des conversations entre les accueillis et les bénévoles, après un temps de prière autour du diacre. Nous leur distribuons un colis alimentaire et parfois des produits frais. Le vestiaire gratuit leur permet de se faire plaisir en choisissant des vêtements triés, en bon état, repassés et réparés (mais nous manquons de « petites mains » pour la couture et le repassage…), ou de se changer après avoir pris une douche, car nous accueillons quelques SDF très présents dans le quartier.
La collecte annuelle de la Banque alimentaire permet de collecter un quart environ des produits que nous redistribuons tout au long de l’année, sauf pendant les vacances scolaires. Deux braderies par an financent l’Entraide ; tous les habitués, travailleurs ou résidants du quartier apprécient ce « grand déballage » très attendu, il est rare qu’on n’y trouve pas son plaisir.

Très vite, quand on s’engage, on découvre que l’Entraide c’est beaucoup de chaleur humaine, de partage, d’écoute, non seulement pour les accueillis qui viennent quelques heures par semaine, mais aussi entre nous dans un esprit de communauté qui donne du sens à notre présence, à notre action dans la joie et la bonne humeur, – et même si ce n’est pas toujours facile ! – en se consacrant à autrui avec des attentions qui nous viennent du coeur.

Marie-Claire Luzuy

Les coulisses de l’Entraide, l’épicerie solidaire

Approvisionnement, stockage et préparation des colis alimentaires distribués chaque semaine aux accueillis par l’équipe de l’Entraide : fonctions simples, qui nécessitent un peu de temps, de la régularité dans la présence, du respect, le sens du travail en équipe et, par le choix des produits, la reconnaissance de la dignité des plus démunis. C’est un peu la « fonction d’épicier » qui
précède l’accueil de celles et ceux qui sont dans le besoin. L’approvisionnement s’effectue deux lundis par mois auprès de la Banque alimentaire de Paris et de l’Île-de-France, située à Arcueil, afin de réceptionner des cartons d’aliments que nous transportons à l’Entraide, Maurice et moi. Il s’agit essentiellement d’épicerie sèche, lait UHT et surgelés dont les dates de consommation permettent plus de souplesse.

Sauf exception, l’Entraide ne peut proposer les produits frais, hélas trop chers et difficiles à conserver. Puis en novembre, lors de la collecte nationale des banques alimentaires, l’Entraide propose aux clients de plusieurs épiceries du quartier de partager leurs achats. Il s’agit d’une grosse opération : plus de 150 cartons récoltés, soit plusieurs tonnes à transporter, trier et stocker. Enfin, chaque semaine, appoint en petits produits d’hygiène ou autres dont les accueillis ont besoin.

Le stockage s’effectue dans les locaux de l’Entraide paroissiale. Ensuite vient la gestion des stocks (marquage, dates de péremption, 1erentré-1ersorti), opération difficile car les cartons ont été constitués au petit bonheur des dons. La préparation des colis alimentaires s’effectue le mardi : dans le respect de l’équilibre alimentaire, mais aussi de notre stock, certains produits de base sont proposés chaque fois, d’autres en alternance. Les produits sélectionnés sont descendus à la cuisine où les bénévoles composent les colis du mercredi et du jeudi selon un « menu » affiché pour la semaine.

Je voudrais surtout dire que ce travail est rendu possible par la présence indispensable de Maurice, un des piliers de l’Entraide qui se caractérise par sa disponibilité, son courage dans la manutention et sa connaissance des besoins à satisfaire de personnes qu’il connaît bien car il partage leur vie. Dans ces fonctions, rien d’ingrat : ceux qui sont « en coulisses » sont aussi présents les jours d’accueil ; cela leur permet de mettre de la chair et surtout une âme à ce travail de distribution de nourriture, réponse primaire peut-être mais si humaine.

Je n’ai pas cherché à me faire plaisir, j’ai répondu à un appel du Père d’Antin en tant que croyant. Je sais qui commande. Grâce à mon expérience je n’ai pas été trop dépaysé. Quand je ne pourrai plus faire ce travail, d’autres viendront et c’est très bien ainsi. .

Bernard Clavel

Une aide mutuelle

L’Entraide, c’est bien utile ! Pour tous les soins d’hygiène (douche, lessive) et la nourriture, c’est une base de sécurité. Mais c’est aussi un lieu de rencontres où l’on peut trouver des personnes à qui parler, un abri que l’on choisit de fréquenter parce qu’on s’y sent bien. Tous les problèmes ne sont pas résolus, il faudrait une chambre pour avoir une vraie adresse, ce qui permettrait de retrouver du travail. Mais à Chaillot, on peut donner un coup de main, alors l’aide va dans les deux sens et c’est gagnant-gagnant !

Maurice

La braderie, succès pour tous depuis 15 ans

La braderie de Chaillot existe depuis une quinzaine d’années. Deux saisons pour la vente de vêtements et accessoires : été (mai-juin), hiver (novembre). Les revenus de ces braderies nous permettent de tourner sans aide financière extérieure pour l’accueil et le fonctionnement de notre Entraide.

Christiane Lapoyade

Dossier préparé par Sabine Garnier
Photos : Marie-Claire Luzuy

“Tout le monde peut aider : c’est une joie de voir à l’Entraide
ma fille de neuf ans partager rires et jeux avec une petite fille
accueillie devenue son amie. »

Joy Duval-Koenig