EDITO : Par le père François d'Antin, curé de la paroisse de Chaillot

«Peut-on réformer les autres sans se réformer soi-même ?»

Père François d'Antin,
curé de la paroisse

L’idée qu’il faut réformer ce qui ne va pas est une idée partagée par tous. On pourrait faire une liste qui ne s’achèverait pas : le transport, le logement, la Sécurité sociale, l’Education nationale, les régimes de retraites… C’est finalement la société française toute entière qu’il faudrait réformer. Mais tant de réformes ont déjà été accomplies qui n’ont pas convaincu, qui n’ont fait qu’appeler de nouvelles réformes derrière elles. Les choses avancent cependant mais un esprit malin semble défaire ce que nous faisons dès que nous avons le dos tourné.

Le Pape François, pape pourtant modeste et réaliste, entend lui aussi y aller de sa réforme de la Curie et plus largement. Il veut bousculer une Église installée, modifier son rapport au pouvoir, donner plus de place aux femmes, secouer les tièdes… Comment fait-il pour trouver ces accents convaincants, susciter la réflexion, éveiller la générosité ? Nous sentons qu’ici, se joue autre chose que du réaménagement interne à l’Eglise, que ces modifications d’état d’esprit changent aussi le rapport de l’Église à ceux qui lui sont extérieurs.

C’est une chose connue de l’évangile que sa critique de l’hypocrisie, de ceux qui disent et ne font pas, ou encore de ceux qui lient de pesants fardeaux sur les autres sans les remuer du doigt, ou également de ceux qui veulent enlever la paille dans l’oeil de leur frère mais ne voient pas la poutre plantée dans le leur. C’est une chose connue mais visiblement difficile à mettre en pratique. Il n’est que d’observer son propre comportement. En famille aussi, l’effort demandé aux uns ne peut être accepté qu’accompagné de celui des autres. L’effort partagé est bien le ciment de toute communauté humaine. Le crédit qu’on accorde à quelqu’un vient de sa qualité humaine plus encore que de la manière dont il s’est retroussé les manches. Il vient de la façon dont il l’a fait avec les autres, en y mettant de son âme. La réussite de la mission du chrétien est aussi à cette condition.